1953
 Cicciolin
di Romeo Bevilacqua

Carnaval dans l’histoire de Savone

par  Simonetta Bottinelli

Le carnaval de Savone a des racines anciennes.  Les fêtes pétillantes enrichissent les soirées de la fin du XIXe siècle, mais la mémoire de Savone ne peut manquer de mentionner le Mardi Gras 1887, le 23 février exactement, lorsqu’”une formidable secousse sismique, d’abord dans le sens de la secousse, puis dans le sens de l’ondulation, réveilla les habitants en sursaut, provoquant la plus grande terreur”. ¹.   Il est 6h20 du matin et beaucoup d’habitants de Savone se préparent à aller au travail, d’autres rentrent chez eux après la grande fête au théâtre « G. Chiabrera », d’autres viennent de se retirer chez eux, d’autres rêvent encore…..

Dans les premières années du vingtième siècle, le festival de Savone est redevenu intéressant. En 1908, parmi les chars allégoriques qui défilaient le long du « Corso Principe Amedeo » et de « Via Paleocapa », le char représentant le célèbre débarquement de Christophe Colomb remporta le premier prix ; ses créateurs en retirèrent non seulement une indicible satisfaction mais aussi 500 de l’ancienne lire et, pour un Ligure de pure souche, quelle que soit son lieu d’origine, ce n’est pas rien.

Il faudra remonter à 1926 pour voir un carnaval digne de ce nom ; peut-être le développement de la technologie dans l’industrie a joué un rôle dans sa création. Il a eu lieu la grande transformation concernant le chargement de petits wagons, qui était devenu opérationnel en 1912.

Ce ne sont plus les épaules des immortels “camalli” qui transportent le charbon du navire, mais un quai équipé de quatre puissantes grues est installé pour le déchargement mécanique direct des navires de charbon.  Il s’agissait d’une installation d’avant-garde pendant plusieurs décennies, “enviée et imitée” par d’autres ports maritimes.

Pour en revenir au carnaval, on peut dire que le carnaval de Savone n’est entré dans l’histoire que dans les années 50 ; ce phénomène est le résultat de la volonté de la ville d’oublier la laideur de la guerre et de recommencer à vivre et à produire dans tous les domaines économiques.

L’étincelle de cette renaissance tant désirée s’identifie au 21 janvier 1953 ; Romeo Bevilacqua, sur un parchemin prestigieux, signe l’acte de naissance de sa créature ; le document est contresigné par Renzo Aiolfi et le maire de l’époque, Andrea Aglietto. Le 18 décembre 1955, « Cicciolin » devient officiellement un masque italien et est confié par acte notarié à la garde de notre Association “A Campanassa”.

La cérémonie, filmée à la télévision, s’est déroulée en présence des autres masques italiens et du peintre Eso Peluzzi : un mythe est né.

Le masque met en avant les mérites et les défauts de ses concitoyens ; Bevilacqua affirme que “Cicciolin a une soixantaine d’années… robuste mais beau… Visage rond aux traits réguliers, encadré d’une courte barbe de la couleur de l’étoupe : pas de moustache, des sourcils épais et foncés… Un regard qui cligne souvent de l’œil… Il se targue d’avoir un lien étroit avec Christophe Colomb”.  Éduqué par des ecclésiastiques, il a d’abord été potier puis céramiste …… il parle le dialecte de Savone …² ”

Cicciolìn dérive de “cicciollu” : boyau, partie anatomique masculine. Frisoni et Bixio soulignent que “cicciollu” signifie “boyau”, une partie anatomique masculine, et Gismondi est dans la même veine : “un mot court pour un membre”, “sanguinaccio” et, ironiquement, “l’habitant de Savone””, ajoute G. B. Nicolò Besio, qui semble avoir fourni à Romeo Bevilacqua des informations historiques et folkloriques pour la création de son personnage.

Les sœurs Sguerso sont très précises dans leurs indications : “… le cicciollu est l’intestin grêle d’un bovin, rempli de sang figé, recueilli lors de l’abattage des bovins, des ovins et des porcins, mélangé à des morceaux de restes de lard fondus pour faire du saindoux appelé – ciccioli – en italien ancien.

À Savone, après la destruction du port en 1528 par les Génois, avec la cessation du commerce qui s’ensuivit, le chômage et la misère qui en découlèrent, les tripiers, pour satisfaire les dockers qui avaient quelques centimes pour leur petit-déjeuner, fabriquèrent des « cicciolli » avec des matériaux habituellement jetés aux chiens”.

Par mépris et pour leur infliger une nouvelle humiliation, les Génois donnèrent aux habitants de Savone le surnom de “Cicciolli” et, avec fierté, ces derniers s’appelèrent eux-mêmes “Ciciulè” pour souligner la lutte intelligente contre les plaisanteries du destin et leur art incontesté de s’en sortir ; de la même étymologie le nom « Cicciolìn ».

Et revenons en 1953 ; à cette date, les commerçants de Savone ont également apporté leur contribution concrète à l’événement, un Comité a été élu, dont les membres étaient : Renzo Aiolfi, Romeo Bevilacqua, Giovanni Acquaviva et même le grand et inoubliable Sandro Pertini.

Le Masque sort pour la première fois en société le 24 janvier 1953 ; tout est documenté dans les journaux de l’époque. Cicciolin est parti de Finale Marina”, est arrivé dans les eaux de Savone et a été accueilli par un coup de canon suivi, après un court intervalle, par autres 20 coups: le Royal Yacht était escorté par deux remorqueurs …..”. ³.

Les journaux mentionnent également un groupe folklorique, “Rumpe e Streppa”, qui accompagne Sa Majesté Cicciolin. Le jeune Masque atterrit sous le salut de notre “Campanassa”, la même cloche qui domine toujours du haut de la Tour « Brandale » et qui y fut placée par le Grand Conseil en 1933.

Cicciolin “qui joue un marin, quitte chaque année sa ville pour faire le tour du monde et rentre à l’heure le premier dimanche du carnaval”⁴, puis, comme le veut la coutume, on lui remet les clés de la ville et le sceptre d’or, symbole de son pouvoir pendant la période du carnaval.

De 1953 à 1960, avec une interruption en 1957, de grandes parades et de magnifiques chars font la fierté de Savone.  1960 marque la fin de l’enthousiasme et de l’âge d’or du Carnaval de Savone.

Dans les années 1950, cependant, toute la ville a participé avec joie à la renaissance du carnaval.  Je voudrais mentionner le “Caffè Euterpe”, qui a été ouvert en 1938 et rénové par le petit-fils de l’ancien Cügèn : Litto. Il modernise la taverne de son grand-père (originaire du village de Quiliano, comme son surnom le suggère) en « Via Niella », à côté de la “Ciassa d’u Cillu” (l’actuelle Piazza Giulio II), permettant la naissance d’un groupe qui sera le protagoniste du Carnaval de Savone dans les années 50.

Parmi les membres du groupe, on se souvient de Federico Prato, connu sous le nom de “Maronetto”, avec sa chaude voix de baryton, Nino Paschetta, Eugenio Dobougerl, Giuseppe Scarrone, mandolinistes exceptionnels, Mario Volta, un excellent violoniste, Francesco Maffei, un excellent guitariste.  Peu après, d’autres éléments avec des maracas, des tambourins, des cloches, etc. ont été ajoutés pour enrichir l’ensemble.

Les musiciens se réunissent à l’Euterpe pour répéter. Comme des clients du club leur disaient: “s’il vous plaît, arrêtez, vous êtes vraiment agaçants !”, ils vont s’appeler “La Fastidiosa”. Le nouveau groupe sera chargé de chanter l’”Inno del Carnevale” (l’hymne du carnaval) à l’arrivée du roi Cicciolin sur la place Sisto IV en 1953.

Noter:

  1. “Il Cittadino” del 25 /02/ 1887
  2. Descrizione di Romeo Bevilacqua
  3. Il “Secolo XIX ” 25/01/1953
  4. Il “Secolo XIX” 25/01/1959

 

Bibliographie

  • VV. “La Fastidiosa L’Euterpe e altre cose savonesi “ Grafiche F.lli Spirito –- Savona 1990.
  • Alonzo Bixio “ Dizionario Delle Parlate Finalesi “ Tipografia Bolla – Finalborgo 2000
  • Bambi “ Nuovo Dizionario Italiano- Genovese Illustrato e Commentato”– Nuova Editrice genovese- Ge- 2008
  • B. Nicolò Besio “ Dizionario del Dialetto Savonese” – Casa Editrice Liguria – Savona 1980;
  • Bottinelli “Il famigerato 1528 a Savona “ in “A Campanassa” 3 /2014 – Sabatelli Ed. Savona 2014
  • Casaccia ”Vocabolario Genovese- Italiano” – Tipografia dei Fratelli Pagano – Genova 1851;
  • Frisoni “ Dizionario GE-IT ; IT- GE “ Ed. De Ferrari – Genova 2005
  • Gallotti “ Il terremoto a Savona” Quaderni di Storia locale – Savona 2001
  • Gismondi “ Nuovo Vocabolario Genovese-Italiano” – Ed. Compagnia dei Libri – Genova 1989;
  • Lirosi : “IL Carnevale era a Savona 1953- 1960 “ Tipolitografia La Stampa –Vado Ligure 2003
  • A. Paganini “ Vocabolario Domestico Genovese – Italiano” –De Ferrari Editore Genova 2000;
  • Petracco Sicardi “Prontuario Etimologico Ligure” – Edizioni Dell’Orso- Torino 2002
  • Schmuckher: “Costumi maschere Trallalleri “ Valenti Editore- Genova 1982
  • Schmuckher :” Folklore di Liguria “Vol.3 Ed. Microart’s – Recco (GE) – 1991
  • e A. Sguerso “ Compendio di voci ed espressioni del dialetto savonese” – Marco Sabatelli Editore- Savona 1985;
  • Zanini “ L’economia Savonese nel Novecento “ Adw Editori – Vado Ligure – 2005.
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